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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 14:47

Mardi 8 mars 2011.

 

La journée commence comme celle de la veille s'est achevée : par un bêlement de mon amie la chèvre.

 

J'entends de légers bruits de pas et de tasse dans le salon : Marco doit s'être levé pour soigner et nourrir le bétail.

Je paresse un peu, une fois n'est pas coutume et puis, il n'est que 7h30 du matin !, puis me lève. Une tasse vide et une casserole à moitié pleine de café encore fumant confirme mon analyse. Je déjeune en lisant le journal, fais la vaisselle et je file faire des photos matinales.

 vue-clocher-veaux.JPG

Ce matin, il a gelé sévèrement. Ca n'est pas du goût de Marco qui m'explique que ces gelées matinales, quand bien même la journée est tempérée et lumineuse, donne un coup d'arrêt à la végétation, et notamment à l'herbe des prairies dans lesquelles il voudrait installer au plus vite les vaches, les génisses et les veaux pour oublier la saison dernière, catastrophique de sécheresse.

 

Ce gel nous empêche également d'aller ramasser panais et navets. Nous commençons donc, comme la veille, par trier et enlever les fanes, qui affaibliraient la racine, des carottes stockées jusqu'à fin mars pour les paniers des amapiens.

Puis, le soleil réchauffant le tout, nous filons dans les rangs de panais et de navets.

La chèvre confirme son attachement pour moi : non seulement elle me suis partout mais en plus elle pose sa tête sur mes genoux dès que je suis accroupie, son museau dans mon dos dès que je suis à genoux...

Elle n'essaye même pas de manger une quelconque salade chicorée ni même du persil quand nous allons les cueillir.

chevre-ombre.JPG

 

 

Après avoir fait tout cela, il est midi passé et l'estomac de Marco (qui ne déjeune pas) crie famine.

Déjeuner « restes » plus que copieux.

 

Jean-Louis, le père de Marco, qui vient à la ferme le mardi après-midi et le jeudi, arrive.

Je dois vous confesser que grâce à lui, je me rends compte que d'être à la ferme et sans notion de jour m'en a fait oublier que …. c'est la journée de la femme !!!

 

Jean-Louis et moi nous installons au soleil, près du puit dont il tire l'eau pour nettoyer les légumes.

Mes mains deviennent rouges écarlates car l'eau est glacée, mais la douleur passe très vite.

Pauvres mains, asséchées par la terre et les trop fréquents lavages, colorées par la terre et les jus de légumes, crevassées par le contact des manches rugueux....

 

Au bout d'1 caisse de carottes, d'1 de navets, d'1 de panais (je suis partisane de ne pas laver les poireaux), nous allons rejoindre Marco.

Comme nous devons partir dans 45 minutes, nous ne faisons que de petites choses : rouler les voiles qui protègent certaines cultures des lapins ou des limaces, nettoyer la serre de semis pour le lendemain...

 

marco-chargeant-camion-amap.JPG

Et puis nous grimpons dans la bétaillère : nous passons chez l'un des producteurs bio des environs (environ 190 agriculteurs bio en Mayenne sur les 8600 exploitations existantes). Il s'agit d'un producteur qui possède un grande surface et cultive selon la méthode biologique « traditionnelle » (le budget prévoit environ 50% pour les salaires, 25% pour les légumes et 25% d'intrants, pour produire : engrais verts, serres, voiles.... ) Les serres et les rangs sont ordonnés et propres. C'est le premier maître de stage de Marco.

Il nous prête 2 sacs de terreau pour les semis.

 

Puis direction un producteur de céréales et d'oléagineux dont nous allons présenter les produits aux amapiens : farine de blé, farine de sarasin, huile de tournesol, huile de colza, à des prix battants toute concurrence, mais aussi de la confiture de prunes, le tout bio bien sûr.

Et puis, Philippe nous réserve une surprise : il a expérimenté le pâté de mouton. Pas mauvais du tout, et le goût du mouton n'est pas trop prononcé.

 

Nous allons ensuite dans une entreprise de transport récupérer des pommes de terre qui n'ont pas été livrées à temps et rejoignons finalement, en avance, le local de l'épicerie sociale de Laval mise à disposition de l'AMAP de la Mauvaise Herbe.

Marco nous indique la composition des petits paniers (7 euros / 10 euros 4-5 kg / 15 euros )

Une amapienne et ses deux petits-enfants nous aident pour la pesée puis les membres arrivent, un par un pour récupérer leur panier et éventuellement leurs oeufs.

( Pour en savoir plus sur l'AMAP, aller voir ici : link   http://mauvaiseherbe.over-blog.com/)

 

contenu-panier-1-amap-retouche-2.jpg

 

 

 

 

 

Après le rangement et le nettoyage du local, direction chez Maud et Jean-Karl pour un super repas.

Retour vers minuit.

 

 

METEO

Grand soleil

Gelée le matin / température très agréable la journée.

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13 mars 2011 7 13 /03 /mars /2011 14:36

Le départ dont il est question depuis si longtemps a enfin eu lieu !

C’était hier, dimanche 6 mars. Le temps de sauter dans un jean, un matin de nuits folles parisiennes, le temps que la gorge se noue avant de ployer en larmes chaudes et salées de quitter Olivier, le temps de jetter 3 ou 4 sacs d’affaires indispensables sur la banquette de la voiture (merci Papa, merci Maman) et me voilà partie pour l'aventure.

Bon, 500m plus loin, Porte d’Aubervilliers, premiers ralentissements : accident à proximité.

Il me faudra 1h30 pour rallier Rambouillet, soit faire quelques 60 km.

Je sens que j’en ai pour la journée, et pas n’importe quelle journée : comme toute cette semaine, elle est splendide. La route devient un voyage initiatique, une longue promenade en compagnie de moi-même, baignée de soleil et de chaleur.

Partie à 14h30 et perdue seulement le dernier kilomètre, celui qui permet de rejoindre le lieu-dit où est implantée la ferme (bravo Jean-Karl pour le téléguidage), j’arrive à 19h45-20h.

corps-de-ferme-habite-sepia.jpg

Un joli feu dans le poêle et un bon steak de viande de salers bio – pommes de terre du potager m’attendent.

 

La soirée se passe dans la courtoisie et la curiosité réciproques.

Finalement, mon hôte, Marco, en parfait gentleman et avec délicatesse, me laisse sa chambre et je m’y installe royalement tandis qu'il dort sur le canapé puis dans une caravane.

Je n’aime pas chauffer ma chambre, alors la fraîcheur qui y règne ne me dépayse pas. Avec 2 couettes et une bouillotte à mes pieds, je passe une nuit parfaite .

 

 

 

Lundi 7 mars 2011 : Ca y est, ca va commencer !!!!!!!!!! Je suis tellement impatiente que j’en oublie de déjeuner, ce qui étonnerait toutes celles et ceux qui me connaissent bien.

Mais pas de travaux agricoles tout de suite, Marco – mon « gourou » - étant en train de « ramasser » des volailles dans un élevage en batterie conventionnel d’un de ses voisins qui lui rend des services. Une tâche difficile et peu agréable, à l’aube, dont on revient harassé et puant... Ca vous tente hein ?

Nous en profitons, Jimmy et moi, pour faire quelques courses (alimentaires)

 

A notre retour (après 4 cafés chez les uns et les autres. C’est sur, je vais revenir avec du cholestérol vu les repas et de la tension vu la caféine que j’ingère ! ), Marco et moi nous mettons à notre travail du jour : préparer les légumes qui seront distribués en paniers auprès des adhérents de l’AMAP de la Mauvaise Herbe.

Marco me montre comment préparer les carottes : enlever les fanes, trier celles qui n'ont pas supporté le stockage d'hiver … Le lavage à l’eau froide n'est prévu que pour le lendemain, brrr, mes mains en frissonnent déjà !!!!!!!!!!

Puis c’est le tour des 8 cagettes de pommes de terre à trier et dégermer. Grâce à toi Maman, je ne fais pas trop mauvaise figure dans cette discipline ( ;)))))

Il faut dégermer pour éviter que cela donne ça : pdtgermée

Marco m’explique combien le stockage est l’étape la plus difficile du maraîchage, pour garantir un approvisionnement de qualité, aussi varié que possible, en toute saison. Il faut une pièce isolée pour maintenir une température constante et protéger des grands froids et des gelées ravageuses, mais aussi hermétiques pour éviter les incursions des rats (merci les petits amis pour le coup de dents qui suffit à gâcher une belle pomme de terre et surtout les déjections gentiment oubliées.)

A noter : lors de la récolte, ne pas mélanger les différents types ou espèces de légumes plantés, afin de pouvoir noter précisément pour chacun et chacune la qualité de conservation, leurs caractéristiques, leurs besoins…..

 

Nous attaquons ensuite le ramassage des 80 poireaux, plantés au printemps dernier et ramassés depuis septembre-octobre. Un coup de bêche-fourche pour les lever puis, au couteau, couper les racines tout autour de l’oignon, pour l’arracher sans l’abîmer.

Nous le nettoyons grossièrement sur place (feuilles mortes, sèches ou pourries….) puis direction la brouette et le hangar.

 

Pendant que je finis les derniers poireaux, aidée par Maud et Julie, Marco va chercher du foin pour les quelques jours qui séparent encore le bétail du départ tant attendu pour les pâtures.

Cette année, par cause de sécheresse, il a fallu distribuer du foin dès août. Du jamais vu en Mayenne et surtout une lourde conséquence économique, accrue par la spéculation sur le prix du foin : une alimentation beaucoup plus coûteuse, et rationnée.

 

La fin de soirée est consacrée à cuisiner (jusque là, j’ai mis les pieds sous la table, alors je me rattrape).

 

Petite anecdote : l’une des 6 chèvres, qui remplissent des fonction de débroussailleuse, s’est une nouvelle fois détachée. Il y a entre son propriétaire et elle une sorte de bras de fer engagé à ce sujet... Il semble que la chèvre gagne, à l'usure : Marco décide de la laisser libre, pour ne pas perdre du temps à la remettre à l’attache.

Et figurez vous qu’elle nous suit, ou plutôt qu’elle ME suit en permanence, toute la journée, en bêlant. Voilà une bête bien curieuse ( ;))))

 chevre-de-compagnie-2.JPG

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 12:13

hey hey 

Finalement, mon départ ne se fera que dimanche pour cause de fuite du joint du sélecteur (dans la boîte de vitesse pour les incultes de la mécanique) et donc de problème d'huile.

La loose comme dirait les rostbeef.

bisous  

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 09:24

Ma chère Maud, j'espère que cet article te fera plaisir...

 

Pierre RABHI( né dans le sud de l'Algérie, à Kenadsa en 1938 )



Né et élevé par ses parents dans sa petite enfance en Algérie puis recueilli par un couple de français, Pierre Rabhi connaît d'abord l'usine.

Il rompt rapidement avec le modèle sociétal qu'on lui propose et devient agriculteur en Ardèche. C'est sa ferme qui servira de laboratoire à sa méthode, l'agroécologie, qu'il n'a de cesse de diffuser, en contestation de la théorie du Progrès notamment scientifique, technique et économique et dans une logique de décroissance.

Il dénonce l'appauvrissement que subissent les agriculteurs du monde entier, les dégâts sur l'environnement, la non-durabilité mais aussi le non respect de l'être humain et de la Nature lié au système d'exploitation (voir d'accaparation) des ressources par les pays du Nord, et au sein de ces pays, par les élites.



Au delà des formations proposées aux paysans d'Afrique, de France et d'ailleurs à des méthodes respectant leurs traditions et la Nature, il est très sollicité pour participer à des colloques, conférences.... Il a fondé plusieurs mouvements collectifs : Carrefour International d’Echanges et de Pratiques Appliquées au Développement (CIEPAD), centre de formation à l'agro-écologie de Gorom Gorom, le réseau des Colibris, l'association Terre & Humanisme



Par ailleurs, il est reconnu depuis 1988 comme expert par les organisations internationales de la famille des Nations Unies, notamment sur les questions de lutte contre la désertification.



C'est un écrivain et un penseur français prodigue, dont voici la bibliographie :

  • Du Sahara aux Cévennes ou la reconquête du songe éd. de Candide, Lavilledieu, 1983, réed. Albin Michel, Paris, 1995

  • Le Gardien du Feu (roman) éd. de Candide, Lavilledieu, 1986, éd. Albin Michel, Paris (épuisé)

  • L’Offrande au crépuscule (Prix des sciences sociales agricoles du ministère de l’Agriculture) éd. de Candide, Lavilledieu, 1989, réed. aux éditions L’Harmattan, 2001

  • Le Recours à la terre (recueil d’articles ) éd. Terre du Ciel, Lyon, 1995, nouvelle éd. augm., 1999

  • Parole de Terre (récit didactique) éd. Albin Michel, Paris, 1995 (préface de Yehudi Menuhin)

  • Manifeste pour des Oasis en tous lieux. Ouvrage collectif sous la direction de Pierre Rabhi, 1997

  • Le gardien du feu: Message de sagesse des peuples traditionnels éd. Albin Michel, 2003

  • Graines de possibles: Regards croisés sur l'écologie, éd. Calmann-Lévy, 2005

  • Conscience et environnement: La symphonie de la vie éd. du Relié, 2006

  • La part du colibri: l'espèce humaine face à son devenir éd. L'Aube, 2006

  • Terre-Mère, homicide volontaire? éd. Le Navire en pleine ville, 2007

  • Vivre relié à l'essentiel: le XXI° sera spirituel... ou ne sera pas ! éd. Jouvence, 2007

  • L'homme entre terre et ciel: Nature, écologie et spiritualité éd. Jouvence, 2007

  • Petist mondes de la fôret. Les petites vagues éditions, 2007

  • Manifeste pour la terre et l'humanisme. Pour une insurrection des consciences éd Acte Sud, 2008



Sa fille, Sophie RABHI-BOUQUET, a participé à la création du projet La ferme des enfants, le Hameau de Buis

Présentation ici :

http://www.la-ferme-des-enfants.com/hdb_hameau_presentation.html

 

 

Plus d'information sur les liens suivants : 

- le blog : http://www.pierrerabhi.org/blog/index.php?

- le site officiel : http://www.pierrerabhi.org/presentation.htm

- la fondation Terre et Humanisme : http://www.terre-humanisme.org/index.php/th/qui_sommes_nous/pierre_rabhi

- le collectif Colibri : http://www.colibris-lemouvement.org/index.php/TH/Pierre-Rabhi



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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:42

Je ne pouvais pas ne pas parler de ce concept, hérité des Romains et que m'ont donné à connaître Xavier POUX et Blandine RAMAIN, de l'excellent bureau de recherches et d'études environnementales ASCA, à Paris. 

Pour en savoir plus, leur site est là :  (http://www.asca-net.com/ )   link

 

Qu'est ce que le saltus ? 

Pour le définir, il faut l'associer à ce qui le délimité et le différencie : sylva (l'espace boisé) et ager (le champs, espace cultivé et modifié par l'être humain).

Ce tryptique représentait les 3 éléments constitutifs d'une ferme (excusez ce terme mais je le préfère à EXPLOITATION agricole - soyons attentifs aux termes, ils ont leur importance) mais surtout et c'est ce qui me semble le plus intéressant, les 3 éléments indissociables et complémentaires. 

 

Dans la sylva, les paysans s'approvisionnaient en différents matériaux et animaux, la biodiversité et donc les petits auxiliaires d'un champ sain (oiseaux, insectes mangeurs de nuisible) y trouvait également gite et couvert, le bétail certains apports (ombre, nourriture diversifiée....)

L'ager ou le champ était la zone de production, sur laquelle l'homme intervient complètement (choix des plantes y poussant, retournement de la terre .... ) Mais pour pousser, le sol a besoin de ressources et d'apports en matières organiques. La seule source était le fumier des bêtes et troupeaux. Pour les nourrir, il fallait des espaces, les pâturages. 

Voilà pourquoi aucune ferme n'était spécialisée dans un seul type d'activités agricoles (viande / céréales) mais était diversifiée. 

Le saltus recouvre d'autres espaces annexés à l'espace cultivé mais sans être directement exploité par les paysans tel que les talus en herbe, les haies.... 

 

A bientôt

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:41

Me voilà à 1 jour du grand départ, du saut vers cet inconnu qui me semble le seul rivage encore capable d’être abordé. Ou de s’y échouer peut-être, repue de Progrès et de modernité.

 

Oh, vous me demanderiez certainement – nombre d’entre celles et ceux que j’espère mes lectrices et lecteurs l’ont fait - si je prépare ce nouveau départ, comment je me sens…

Et bien plutôt …curieuse : ni débordante de joie non plus, tant la perspective de mettre de la distance entre mon ange, mon elfe, et moi assombrit cet horizon qui devrait être pur azur, ni effrayée à proprement parler.

 

Pourtant, loin de moi l’idée de me faire passer pour une aventurière des temps post-modernes ! Que celles et ceux, comme ma soeur et mon beau-frère, qui m’ont subie au volant d’une voiture, sans passer la 3e par peur de perdre la maîtrise du véhicule, que Maud et JK qui m’ont guidée pour descendre d’un point de vue quand le vertige me coupait les jambes, que Céline rebroussant chemin d’une randonnée en raquette pour cause d’appréhension d’une pente trop forte, que toutes et tous ceux-ci m’en soit témoins, je ne suis pas, mais alors pas du tout téméraire pour un sou !!!!

C’est au détour d’une conversation, douillettement installée autour d’un petit apéritif, chez ma chère tante paternelle que je crois avoir saisi la clef de cette attente sereine: la vie à la ferme ne m’est tout simplement pas complètement inconnue. Ou plutôt elle m’est chère, précieuse comme tous les souvenirs qui me relie à Méry, ma grand-mère dont il ne s’agirait pas de dire qu’elle est italienne et dont le père avait, par ce prénom américanisant, annoncé son projet de s’établir aux USA, fuyant les chemises rouges et noires, après avoir vu de trop près les caniveaux de sa ville, perclus de douleurs de leurs coups aveugles.

L’océan l’avait empêché d’accomplir sa destinée et avait permis la mienne, décidant qu’un plancher des vaches où l’on mange des pâtes trop cuites valait mieux qu’une traversée hasardeuse. Et il s’y installa précisément avec des vaches.

 

Vous l’aurez compris, la vie à la ferme vit en moi, à travers le souvenir de ma grand-mère bien aimée. Car elle nous racontait, à ma soeurette et moi, souvent les épisodes les plus truculents de sa jeunesse d’un autre temps. Nous en redemandions, hilares ou ébahies par ces histoires qui composaient le feuilleté de la mythologie familiale.

C’est par elles que je veux commencer mon journal de bord.

 

Ma grand-mère devait seconder sa mère dans les soins de la basse-cour mais cela ne l’enchantait guère. Elle se méfiait par-dessus tout des coqs au bec aiguisé et des oies qui, bien qu’incapables d’un sourire carnassier, n’en avaient pas moins la dent dure. Elle avait par contre, pour les dindons, une certaine affection, une sorte de curiosité amusée devant ces bêtes affublées par Dame Nature d’une face si délicieusement ridicule.

Un jour, sa mère ne vint pas la presser de se joindre à elle. Elle restait alitée, prise d’une forte fièvre. En fille prévenante et responsable, bien décidée à suppléer la pauvre malade, Méry alla quérir auprès d’elle les consignes et conseils. Elle recueillit notamment celui d’administrer au plus gros dindon dont le comportement étrange signalait que la température l’avait lui aussi saisi un breuvage destiné à le guérir.

Ni une ni deux, Méry partit accomplir sa mission avec dignité mais aussi – elle en avait le dessein secret – célérité, afin de se ménager un peu de temps pour jouer à son aise.

Après avoir nourri l’ensemble des volatiles, elle se mit en devoir de capturer le dindon apathique. Qui se révéla cependant un meilleur coureur de sprint que ma grand-mère …

Après plusieurs tentatives, elle transforma ses essais et porta le gros animal dans la cuisine pour lui donner la fameuse potion. Sans hésitation, elle versa dans un verre 2/3 de vin et 1/3 d’un autre liquide dont j’ai oublié la nature mais inoffensif et fade – de l'eau je pense. Puis, décidant que ce dindon était si dodu qu’il en valait bien deux, lui administra un second verre de la précieuse décoction. Et pour accélérer encore sa guérison, usant de tout son bon sens, pris l’initiative de le glisser dans la partie inférieure de la gazinière à bois, qui servait à l’époque à conserver les chaussons bien chauds.

Le sentiment du devoir accompli, le cœur léger de savoir la bête bien au chaud, emplie de fierté à l’idée de son intelligence et de sa piété filiale éclatant au grand jour, Méry partit jouer.

Quand elle revint, quelques heures après, quelle ne fut pas sa surprise – scandalisée d’aussi peu de reconnaissance – de constater que le pauvre dindonpris de nausées avait soulagé son estomac sur les chaussons de toute la famille !

Méry avait en fait inversé les proportions de la boisson destinée au dindon ; ce dernier lui devait de connaître sa première et probablement dernière gueule de bois…..

 

 

L'autre histoire qui me revient concerne cette fois plus de monde.

Mes grands parents étaient en effet nés dans les années 20 et un calcul aussi vif que votre matière grise vous apprendra qu'ils atteignirent l'âge tendre en 1940.

Si le mot de Blitzkrieg ne vous dit rien, il leur parlait beaucoup : Jean et Méry, respectivement mon grand-père et ma grand-mère (si on ne m'a pas menti), habitaient alors les Ardennes, cette belle région, largement méconnue, bucolique et paisible.

Ils avaient dû, à l'annonce de l'invasion allemande en juin 1940, évacuer leur maison natale, dans laquelle ils grandissaient avec leurs parents.

Abandonner son foyer n'était pas chose facile mais les autorités les pressaient et il avait fallu se résigner à laisser meubles et surtout bétail. Un arrachement pour mon aïeul que la guerre semblait pourchasser et un peu d'ironie du sort également, car l'Italie se joignait à Hitler dans sa déclaration de guerre à la France.

 

Mais l'évacuation allait être de courte durée. Le maréchal Pétain, rappelé aux pouvoirs pour « sauver » la France de la menace teutonne, capitulait une semaine plus tard.

De retour dans leur ferme, le père de Méry constatait qu'il ne restait plus une seule bête. Adieu veaux, vaches et chevaux …. Des bêtes curieusement semblables aux siennes avaient d'ailleurs miraculeusement faitgrossir le troupeau d'un voisin.

Mais avant que de vous raconter cette histoire là, je me dois de rectifier une erreur : il restait une bête : une jument. Et pour cause ! Seul mon arrière grand-père pouvait approcher cette jument farouche et belliqueuse dont ma grand-mère se méfiait comme de la peste. La seule vertu que ma grand mère lui attribua jamais fut d'avoir sauvé une petite fille, malade et orpheline, en lui donnant son lait (n'allez pas imaginer une histoire aussi romanesque que celle de la louve de Romulus et Rémus : le lait avait été trait à grand mal par Méry et mis dans des biberons à l'attention du nourrison) Le lait de jument est réputé pour être très riche, proche à vrai dire du lait maternel.

Et elle n'avait pas tort ! Un hiver qu'elle se trouvait dans l'étable, la jument avait découvert qu'une vache d'un box voisin dévorait son avoine. Elle l'avait laissé entamer son festin pour mieux lui croquer – et lui couper net – la langue trop gourmande qu'elle tendait à travers la barrière pour ingurgiter le reste de son larcin....

 

Pendant que les familles seréinstallaient lentement, constatant les pillages en règle dont elles avaient fait l'objet, l'armée allemande annonçait des règles et des réquisitions de tout ordre, notamment celle du bétail. En fait, les soldats ne s'encombraient pas des animaux sur pied mais de leur production : oeufs, viande et lait devaient être versés aux occupants.

Mon grand-père, qui avait vainement sollicité son voisin pour récupérer les vaches qu'il reconnaissait siennes, décida alors qu'à toute chose malheur était bon. Il alla voir le gradé responsable de son village et indiqua que ses bêtes avaient disparu et qu'il serait donc dans l'impossibilité de lui livrer du lait. Le gradé, mécontent, lui demanda où ses bêtes pouvaient bien avoir fui. Et mon grand père d'indiquer la propriété voisine. Il proposa alors une petite expérience : laisser le troupeau du voisin en liberté d'aller et venir. A la tombée de la nuit, il se dirigea vers les bêtes, en appela quelques unes et rentra tranquillement chez lui. Une trentaine de vaches et veaux le suivirent jusqu'à l'étable,fidèles à leur maître !

 

 

 

 

 

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:26

Aujourd'hui, une recette qui ne se mange pas ...

 

Il s'agit d'une recette de lessive, tirée du libre " Je fabrique mes produits ménagers" de Laetitia ROYANT paru aux éditions Terre Vivante et publié en 2010.

- 35 g de savon de Marseille pur à râper

- 1 l d'eau bouillante

- pour l'odeur et les qualités désinfectantes (option) : 15 gouttes d'huile essentielle de citron ou de lavandin.

 

On râpe le savon puis on verse les gouttes d'huile essentielle. On verse l'eau bouillante. On remue jusqu'à complète dissolution du savon.

On laisse reposer et figer une nuit.

C'est prêt.

Personnellement, je place le 1/2 verre de lessive par lessive directement dans le tambour car elle se dissout mieux.

Pas cher et sans composant allergène et moins nuisible pour l'environnement.

 

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 13:18

Citation en exergue du dernier livre d'Edgard MORIN, La Voie, éditions Fayard, Paris janvier 2011

 

"Quiconque croit qu'une croissance exponentielle peut durer toujours dans un monde fini est ou un fou ou un économiste."

Cette citation est de Kenneth BOULDING, entre autre, philosophe, poète et économiste, né en 1910 et mort en 1983. Comme MORIN, sa pensée reposait sur une idée fondamentale : on ne peut sans risque de dénaturation et d'incompréhension, saucissonner les disciplines d'analyse et de pensée (sociologie, économie, sciences...)

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27 février 2011 7 27 /02 /février /2011 18:57

Hello hello

Je ne pouvais quand même pas manquer de relayer le scandale médiatique de la campagne de FNE contre l'agriculture intensive. Elle déchaîne des passions, et l'envoi de cette campagne à quelques jours du Salon de l'agriculture n'a surement pas pacifier le contexte. 

Alors si vous ne l'avez pas encore fait, découvrez cette campagne et la présentation faite par FNE ci après. 

 

Et pour ce faire plaisir, allez voir le reportage "remake" d'Action discrète.

http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid1780-c-action-discrete.html?kwid=google_3830577_336514059_E&esvcid=S1299249692_ADOGOE_AGI3830577_CRE3648531448_TID336514059_RFDd3d3Lmdvb2dsZS5mcg%3d%3d&ESVreferrer=www.google.fr&gclid=CMjK3aKStacCFcoifAodhBCFAQ

Découvrez les visuels  

 


 








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18 février 2011 5 18 /02 /février /2011 11:13

 

 

 

 

 

 

 









  

Je pense qu’après ma première semaine de travail (et de douche) au grand air  mon atout favori sera ………………………….........................................................................................................................................................................................................................................................................................................

 

Charlotte, c’est elle !!!!

 

 charlotte osté

 

 

Vous pouvez la retrouver virtuellement sur le site http://www.osteo-paris.eu, par mail à c.darcet@gmail.com ou par téléphone au 01 40 61 92 25.

Son cabinet se trouve au 9bis, boulevard du Montparnasse 75 006 PARIS.

 

Juste quelques précisions :

-          l’ostéopathe n’est pas un kiné (les études de kiné durent 3 ans, celles des ostéo – en tout cas pour l’instant – durent 6 ans et ils prennent en compte l’ensemble de la personne, esprit y compris pour traiter un symptôme)

 

-          l’ostéopathe n’est pas un simple masseur, même s’il peut utiliser la technique des manipulations corporelles et que ça, c’est trop bon….

 

 

Les effets sont durables (en principe, pas besoin de plus de deux ou trois visites par an)

 

Allez, rien que d’en parler, mon dos me dit merci  

 

 

  

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