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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 17:11

Jeudi 7 avril 2011

 

Je me l’étais déjà dit lorsque, cuisinant pour des amis, j’avais acheté un poireau au supermarché du coin : cette aventure va transformer radicalement et durablement ma manière d’envisager mes aliments.

Lorsque l’on sait, ou plutôt que l’on vit - la connaissance intellectuelle est, en la matière, inefficiente, autant que savoir que le feu brûle ne permet de mesurer la douleur de la brûlure – la chaîne des conditions et des périples qu’à l’instar d’Ulysse, la petite graine a traversé pour devenir un beau végétal, la série de travaux minutieux et éreintants que le paysan a successivement réalisés pour planter, repiquer, désherber, arroser, buter, couvrir et découvrir, tutorer, tailler … récolter, quelques soit la dureté de la terre ou la chaleur de la serre, parer, transporter…

Alors certes, Marco me – et vous – dirait qu’il y a légume et légume, travaux et travaux. « La botte de radis roses que tu achètes en supermarché, elle est récoltée et mise en forme directement et simultanément par une machine. » Pudique, il aurait pu rajouter que les graines avaient germées et poussées, tapies sur un voile, nimbées d’une solution aqueuse nutritive, désherbées à coup d’herbicides, grossies au gré d’adjuvants et traitements divers et tous plus chimiques les uns que les autres….

Toutefois, à nouveau, cette réflexion ou cette prise de conscience, appelez là comme il vous plaira, s’est imposée à mon esprit après cette matinée du jeudi 7 avril – Dieu que la semaine passe vite – de plantation d’oignons. Travail long et fastidieux, qui a d’abord demandé à Marco de l’ingéniosité pour fabriquer un outil faiseur de trous…

 

 

Marco et moi avions décidé de nous réveiller tôt afin de faire les trous dans la toile tissée sous laquelle nous devons planter la moitié soit 6000 oignons alors que la rosée brille encore, afin de conserver un peu de cette précieuse humidité. Euh, il fallait se lever tôt un peu aussi pour débarrasser le salon et faire la vaisselle du dîner de la veille aussi …

Il fait encore froid lorsque nous nous levons mais, une heure plus tard, l’atmosphère ambiante nous laisse à penser que la journée sera encore plus chaude que la veille. Les 30° seront bel et bien dépassés, l’amplitude entre les nuits, encore fraîches, et la journée atteignant donc un seuil dangereux pour les plants et les semis.

Là aussi, je réalise l’alchimie que demande le maraîchage, entre chaleur et pluie en quantité suffisante, au moment adéquat. Si l’on superpose des contraintes extérieures telles que celles de la commercialisation des produits, des financements et des démarches administratives, et enfin sinon surtout de la vie personnelle et sociale du producteur, cela demande une organisation et une planification digne des plus grands stratèges d’URSS.

 

Bref, occupons nous de nos oignons (hi hi hi, facile celle-là ! ) L’outil de Marco est bien vu : un quadrillage de pointe avec un manche, pour aller plus vite sans se baisser. Mais les trous ainsi percés dans la toile (tous les 10 cm en tous sens pour les oignons) sont trop petits pour y glisser un oignon. Il nous faut donc repasser ensuite avec un cutter ou un ciseau pour l’agrandir puis ensuite, faire un dernier passage pour creuser du doigt, à travers la fente ainsi créée, un petit trou dans le sol, y placer un bébé oignon, racine vers le bas, en le tenant par la houpette et en l’enfonçant d’une pression des deux doigts qui le tiennent jusqu’en haut du bulbe.

outil-pour-trouer-bache-oignon.JPG

 

Espérons que les germes trouveront la sortie à travers la toile ! A l’aveugle, je tente de reconnaître les cailloux des mottes de terre sèche afin d’écarter les uns et de soulever les autres.

Il est 12h30 passées quand nous arrêtons, au bout d’une planche et demie (sur les 4 prévues). Heureusement que Florent, le beau-frère de Marco, et Olivier nous ont « spontanément » proposé leur aide mercredi prochain !

Après le déjeuner, il fait tellement chaud que Marco me propose de repiquer les tomates et d’en semer de nouvelles variétés, reçues le matin même (des jaunes, les Tiger tom et des noires, les Paul Robenson). Je m’exécute avec plaisir, en déplaçant la table de travail bien à l’ombre, près du nouvel atelier que se construit Marco (un vrai duplicata des établis d’enfant ! « La faute A son subconscient » me dit-il et je ne prends même plus la peine de corriger le possessif )

J’ai eu mon quota de coup de soleil pour hier (marque de la brassière qui se détache sur mon dos en blanc sur rouge façon drapeau canadien, oreilles en feu)

Aujourd’hui, c’est au tour de Marco de tout arroser. Vivement les gouttes à gouttes et l’irrigation !

Il désherbe aussi les jeunes plants de pommes de terre (les fameux) à l’aide d’un pousse-pousse, une invention simple mais efficace et pratique.

 

pousse-pousse.JPG

 

Aujourd’hui, ma journée est courte car je vais à la piscine. C’est un bonheur que de nager dans le bassin en plein air avant de masser lombaires et omoplates à grand renfort de jets d’eau surpuissants.

Je vais me coucher pas trop tard, car demain matin, Marco souhaite que nous poursuivions les oignons à la fraîche.

 

Ah, j’oubliais : je remue le purin d’ortie. Et moi qui disais hier soir encore à Marco que je ne trouvais pas l’odeur pestilentielle. C’était sans compter sa transformation nauséabonde croissante…

 

PS : mes mains ont définitivement perdu toute jeunesse et douceur. Désormais, les stries sont si profondes que la terre qui s’y est logée n’en part plus, même après un brossage minutieux. J’ai donc l’air en permanence sale…

 

degats-mains-2.JPGdegats-mains.JPG

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